Autour d’une demeure bourbonnaise
du XVIIIème siècle
Entre village et bocage, la demeure des Soussilanges traverse les siècles paisiblement, au gré des besoins et des moyens de ses hôtes successifs.
D’aucuns pensent que François Villon aurait pu y trouver le gîte et l’inspiration lors d’une de ses misérables et enthousiastes évasions. Les arbres aux Pendus étant légion dans la contrée…
Mais plus sûrement, dans son ramage actuel et ce depuis le XVIIIème siècle, la bâtisse constitue un exemplaire classique de ferme bourbonnaise avec le fournil, le cuveau (XIXème siècle) et une grange pour le bétail et les chevaux. Douze à quinze personnes travaillaient ainsi en parfaite autarcie jusqu’au début du XXème siècle.
Le Temps des Bourgeons
Qu’il est long à venir !
Tout est prêt ; pas un coup de sécateur ne manque ; les oiseaux virevoltent ; les hellébores tiennent la distance à bout des bras défiant les jacinthes blanches, les bourgeons floraux pointent, mais rien ne vient… Février fut magnifique, comme chaque année et comme chaque année, avril ruine l’espoir d’un printemps où chaque fleur pourrait devenir fruit. Humilité, patience et encore quelques préparatifs avant l’explosion de mai.
Les sens se télescopent enfin. Plus aucune retenue ne freine Dame Nature. L’attente des derniers mois n’est plus que préhistoire. Pivoines, roses, lotus et magnolias entre en scène…
La valse des fleurs
Que c’est beau !
Les martinets virevoltent au milieu des nuées multicolores des papillons… Difficile de se remémorer le morne hiver.
Le potager focalise alors l’attention du jardinier qui ne sait à quel végétal se vouer. Malgré leur longueur, les journées sont toujours trop courtes. Une abondante exubérance envahit les esprits, même si les orages aussi salvateurs que destructeurs nous rappellent à la réalité. Et depuis quelques années, les affres de la sécheresse occupent les esprits. On s’organise, on rationnalise, on tire des enseignement, on s’adapte, mais cela sera-t-il suffisant?
La paix au jardin
Le temps a suspendu son vol. Les charolaises ont rejoint les étables, mais les écureuils et les graminées défraichies égaient encore la campagne endormie.
Lotus et nymphéas ont disparus. Les grenouilles ont déserté les surfaces immobiles des bassins pour rejoindre les abysses sombres et vaseux.
Désormais, seuls les Malus décoratifs ployant majestueusement sous leurs fruits givrés illuminent le Jardin lorsque les raies pâles réussissent à percer les brumes froides pour une fantastique danse macabre.